Jeudis de la Fédé #1 « La Nation »

Le 1er rdv des « Jeudis de la Fédé » aura été un franc succès. Des militants nombreux, attentifs aux interventions de qualité et désireux d’échanger avec les personnalités présentes autour de la thématique proposée :

« Après les événements dramatiques de 2015, comment le Parti Socialiste peut-il répondre légitimement aux attentes fortes des Français sur le thème de la Nation (définition, protection…) tout en restant fidèle à ses fondamentaux ? »

Après un mot d’accueil de notre Premier Fédéral Thierry Trijoulet, Emilie Coutanceau, Animatrice du pôle « Vie militante et animation fédérale », introduit la soirée, évoquant le traumatisme des attentats de 2015 et la nécessaire réflexion sur le rapport entretenu par la Gauche avec la notion de Nation.

Anne-Marie Cocula, agrégée d’histoire, ancienne présidente de l’Université de Bordeaux 3 et ancienne vice-présidente de la Région Aquitaine, apporte d’abord un éclairage historique, retraçant l’évolution de la notion de Nation à travers les siècles. La France est l’un des pays qui a été le plus tôt centralisé, d’où l’émergence assez précoce de l’idée de Nation. C’est notamment Calvin, pasteur protestant du XVIe siècle, qui participe au développement de la notion de Nation. Avec les guerres de religion, la France laïcise assez tôt l’idée de Nation, qui sera ensuite largement reprise par les philosophes des Lumières, notamment à travers l’Encyclopédie. La « Nation » devient donc une référence bien avant la Révolution Française, qui introduit une rupture. La Nation française qui naît de la Révolution de 1789 et qui dispose désormais de représentants fait oublier les précédentes naissances. Les restaurations puis la fin définitive des monarchies au XIXe siècle réinterrogent le concept le Nation, notamment au travers de ses symboles et plus particulièrement du drapeau tricolore.
Anne-Marie Cocula conclut son intervention par un texte de Marcel Gauchet, qui déjà en  1984, évoquait la question du renouveau de la Nation.

Régis Ritz, également ancien président de l’Université Bordeaux Montaigne, membre du Conseil Européen des Langues et très impliqué dans les programmes européens de mobilité (notamment Erasmus), déplace ensuite le débat sur la scène européenne. Prenant l’exemple du Royaume-Uni et de l’Allemagne, il expose comment l’histoire singulière de la construction de la nation dans ces deux pays a forgé leur rapport à l’intégration européenne, évoquant les velléités autonomistes de l’Ecosse comme la crainte des Allemands de l’est de voir la tutelle de Bruxelles remplacer celle de Moscou. Que peut nous apporter l’Europe dans la construction de la Nation ? Le programme Erasmus est un outil essentiel dans le sens où il permet la création d’un réseau de circulation des étudiants et des professeurs, la reconnaissance des diplômes en Europe et une expérience qui apporte un regard extérieur sur soi-même, son pays, sa Nation. Cette mobilité académique, qui plus est accompagnée d’une mobilité professionnelle, est extrêmement positive car elle fait naître le « citoyen européen ».

Enfin, Jérôme Boyer, directeur de greffe, revient sur les conditions d’acquisition et de perte de la nationalité française, définies dans le Code Civil. La 1ère notion de « déchéance de nationalité » remonte à l’abolition de l’esclavage en 1848, à l’issue de laquelle les Français ne respectant pas le décret d’abolition se voient sanctionnés d’une « perte de la qualité de citoyen français ». C’est toutefois sous le régime de Vichy que la France connaîtra des déchéances massives de nationalité. Il indique ce qui, à son sens, a incité le gouvernement de François Hollande à vouloir inscrire la déchéance de nationalité dans la Constitution : la règle des 3/5ème imposera l’unité nationale pour toute nouvelle modification constitutionnelle, constituant ainsi une garantie pour l’avenir. Les interrogations restent fortes quant à la possibilité du texte, adopté mercredi par l’assemblée nationale, de parvenir jusqu’au Congrès. Au-delà, le concept de Nation divise autant car il fait appel à la notion de vivre ensemble. Jérôme Boyer, dont le service a notamment pour fonction d’examiner et d’instruire les dossiers de demande de nationalité, fait part de l’étonnement de certains nouveaux accédants à la nationalité française, frappés par le cérémonial dans d’autres pays, qui n’existe pas en France.

Ces trois interventions complémentaires ont permis d’apporter, au-delà des clivages, des éléments de fond sur cette thématique de la Nation.

Un débat riche et fourni s’engage, de nombreuses questions sont posées aux intervenants, et notamment : quid de la ratification des conventions internationales par la France ? Qu’en est-il de l’apatridie ? Comment composer avec certains engagements et valeurs qui ont ressurgis avec les attentats ? Que penser de l’expulsion des binationaux déchus vers d’autres pays ? La France appliquera-t-elle la réciprocité ? Quelle approche de la Nation dans un mouvement internationaliste ?

La soirée se conclut autour d’un pot convivial.

Nous vous invitons d’ores et déjà à noter le prochain rendez-vous des Jeudis de la Fédé, programmé le jeudi 10 mars à Canéjan autour du thème « Comment analyser les scrutins électoraux en Gironde après les municipales, les départementales et les régionales? »

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