Jeudis de la Fédé #2 « Analyse électorale »

Les militants étaient nombreux à répondre présents pour ce 2e rendez-vous des « Jeudis de la fédé », décentralisé pour l’occasion à Canéjan, conformément à la volonté fédérale de décliner son activité sur l’ensemble du territoire.

Autour des deux intervenants Jean Petaux, politologue à Sciences Po Bordeaux et Sylvain Brouard, chargé de recherche de la Fondation Nationale des Sciences Politiques au CEVIPOF, la soirée était consacrée à l’analyse des scrutins électoraux en Gironde après les municipales, les départementales et les régionales.

Après les propos introductifs de Thierry Trijoulet, Premier Secrétaire Fédéral et Emilie Coutanceau, Secrétaire fédérale à l’animation fédérale, vie militante et sections, Alain Mano, adjoint au Maire de Canéjan et représentant le Maire Bernard Garrigou en déplacement, a rappelé dans les grandes lignes les résultats des dernières élections.

Sylvain Brouard a d’abord concentré son propos sur les comportements électoraux en Gironde. Différentes analyses de l’évolution de l’électorat socialiste par rapport aux autres formations politiques (droite, Front National et autres partis de gauche) sont proposées, depuis 1986 et en fonction du type d’élection.

En termes d’inscrits, on constate que l’affaiblissement momentané du PS en 2015 est loin d’être catastrophique et moins important qu’au niveau national, certes en deçà des pics de 1986 et 2004, mais loin des plus bas scores de 1992.

Le Front National progresse très fortement depuis 2010, alors que la droite et le centre ne profitent pas de leur situation dans l’opposition et souffrent de la concurrence du FN. Le constat en termes d’exprimés met en évidence une croissance du Front National encore plus spectaculaire et consacre le déclin de la droite et du Parti Socialiste, qui reste toutefois en tête.

  1. Brouard s’intéresse ensuite aux préférences politiques de l’électorat girondin. Deux tendances se dégagent. D’une part, l’orientation progressiste des électeurs girondins, qui se prononcent majoritairement contre le démantèlement de l’état social et qui manifestent leur attachement à la protection et à la revalorisation des salariés. D’autre part, la droitisation de ce même électorat sur les questions sécuritaire et migratoire, qui souhaite davantage de dépenses pour la police et l’armée, mais une très nette réduction de celles relatives aux aides sociales allouées aux étrangers en situation régulière.

Jean Petaux axe ensuite son intervention sur le thème : «Le FN en Aquitaine : de l’infusion à la diffusion ».

L’apparente faiblesse du Front National est d’abord dû à des causes historiques : une présence gaulliste importante (avec Chaban), la tradition du communisme de la Résistance en Dordogne, une forte présence socialiste dans les Landes et en Lot et Garonne et le poids de la démocratie chrétienne dans les Pyrénées Atlantiques. Les causes sont également conjoncturelles, avec un effet masquant du vote CPNT.

En 2002, le vote FN est totalement décroché en Aquitaine par rapport aux résultats nationaux et la « résistance socialiste » se traduit par un vote Jospin très au-delà du score national. Le vote frontiste se concentre alors autour du couloir de la Garonne et de la Gironde, en Lot et Garonne, dans le Nord Médoc et le Blayais.

La Présidentielle de 2012 marque un retour momentané à la bipolarisation « PS-UMP ». Marine Le Pen n’atteint pas, en pourcentage des suffrages exprimés, les scores de son père en 2002 et François Hollande améliore très nettement ceux de ses deux prédécesseurs en 2002 et 2007.

Enfin, les résultats des élections départementales ont été positifs en Gironde. L’union de la gauche compte 44 conseillers départementaux, contre 20 pour l’union de la droite et 2 pour le Front National. L’ancrage frontiste se situe toujours autour de la Garonne. Les mêmes conclusions s’appliquent au scrutin régional de décembre dernier.

Une fois posée cette photographie des forces politiques en présence en Gironde, les échanges ont notamment tourné autour du vote frontiste :

  • son implantation de plus en plus massive et plus marquée en milieu rural,
  • l’évolution de son électorat, qui ne se cantonne plus aux personnes en désespérance sociale mais concerne de plus en plus des personnes insérées dans la vie sociale et professionnelle, même si l’on observe toujours des écarts en fonction des diplômes, des CSP,..
  • les thématiques qui entrent en résonnance dans le milieu rural parallèlement à la montée du vote FN, les raisons économiques, l’insécurité.

Les intervenants ont indiqué que la tranche d’âge 18-22 ans était la période clé de la formation politique. Pour des jeunes socialisés avec le FN, l’attrait d’un Front National qui se nourrit du rejet de la classe politique est d’autant plus important que la popularité du chef de l’état en place est faible. Même si l’adage « plus on est jeune, plus on vote à gauche » est toujours d’actualité.
Il a également été question des réponses à apporter par le Parti Socialiste face à ces constats, en particulier s’agissant des stratégies de campagne à adopter, en porte-à-porte par exemple.

La soirée s’est terminée dans la convivialité.

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