« Revenu Universel d’Activité » Timothée Duverger

Le gouvernement a annoncé hier le lancement d’une concertation visant à créer un « revenu universel d’activité » (RUA). Objectif affiché : fusionner un maximum de dispositifs pour réduire le non recours aux prestations sociales (par exemple, 35% des personnes éligibles au RSA n’y ont pas accès), cela à budget constant. Les associations s’inquiètent et elles ont raison. Plusieurs problèmes insolubles vont se poser :
– comment peut-on réduire le non recours (c’est-à-dire augmenter le nombre d’allocataires) à budget constant sans faire de perdants ?
– comment peut-on fusionner des dispositifs qui ont des règles différentes à budget constant sans faire de perdants ?
– doit-on verser la même prestation (même montant et mêmes conditions d’accès) à une personne en situation de précarité, une personne en situation de handicap ou une personne retraitée ?
Le gouvernement se défend de vouloir réaliser des économies budgétaires. C’est vrai, mais sous ces éléments de langage ce qu’il cache, c’est qu’il y aura une masse importante de perdants, qui pourrait atteindre jusqu’à 3,5 millions de foyers, soit près de 9 millions de personnes.
Sa véritable intention se trouve dans la philosophie du RUA. Derrière l’annonce d’une suppression de l’allocation en cas de refus de plus de deux offres d’emploi dites raisonnables, il y a d’une part l’idée que les chômeurs sont sans emploi par choix (sic) et d’autre part l’idée qu’il faut trier les « bons pauvres » qui font la preuve de leur motivation et les « mauvais pauvres » qui méritent d’être exclus du système d’aides sociales.
Dans ces conditions, on comprend mieux pourquoi, si la loi sera votée en 2020, elle ne sera appliquée qu’en 2023, c’est-à-dire après l’élection présidentielle…
Cela appelle deux dernières remarques. D’abord, la nécessité de continuer à défendre des projets d’expérimentation du revenu de base qui démontreront qu’une autre voie est possible, notamment une allocation automatique, ouverte aux jeunes de 18-24 ans et sans contrepartie. Ensuite, pour empêcher l’application de cette loi anti-sociale, il faudra battre Emmanuel Macron en 2022, donc travailler dès maintenant à l’union de la gauche autour d’un contre-projet.